La République Démocratique du Congo

Publié le par F.M.L.

Kanambe alias « Joseph Kabila » cherche la peau de nos chefs coutumiers

Par Roger Buangi Puati

 

La chefferie traditionnelle ou la dépositaire de notre histoire

Depuis des lustres, les chefs coutumiers sont dans nos sociétés africaines les gardiens de notre patrimoine culturel mais aussi de la mémoire historique. Redoutés par le pouvoir colonial, ils ont été marginalisés pour ne pas dire « folklorisés ». La respectabilité dont ils jouissent et la capacité de mobilisation qu’ils détiennent en font des personnalités « dangereuses » pour tout pouvoir tyrannique. L’éminent historien Joseph Ki-Zerbo pense qu’il n’y a aucun intérêt « à liquider la chefferie traditionnelle, à condition qu’elle accepte de se soumettre aux lois de la République ». En effet « beaucoup d’expressions culturelles, esthétiques et religieuses dont on ne peut se passer, sont liés à la chefferie ». La chefferie a conservé certains principes de bonne gouvernance dont peuvent s’inspirer les législations démocratiques.

 

Dans le contexte congolais d’aujourd’hui, il y a lieu de rappeler que nous sommes en état non seulement de guerre mais d’occupation. La gestion de la res publica (chose publique) est loin d’être démocratique. De ce fait, la chefferie constitue un des pôles de résistance contre le pouvoir de l’étranger.

 

Parachever le rêve de l’occupation par le mensonge et les massacres

Pour parvenir à la reconfiguration démographique des zones frontalières avec le Rwanda, les concepteurs et réalisateurs du plan d’occupation du Kivu se heurtent à plusieurs obstacles dont la mémoire historique vivante. Aujourd’hui et surtout demain, lorsque l’Etat congolais reviendra en mains congolaises, il faudra justifier de sa congolité, les chefferies seront les mieux à même de témoigner avec certitude en faveur ou contre des individus se réclamant de la nationalité congolaise. Il se trouve que pour soutenir l’œuvre macabre du Rwanda de Kagame au Congo, Kigali invente une page dite historique mais qui s’avère mensongère au crible de la réalité historique. Et cette thèse imaginaire est colportée par un cercle d’intellectuels européens acquis à la cause tutsi depuis les massacres interethniques rwandais en 1994. De quoi s’agit-il ? Au XIXe siècle, le Rwanda aurait eu des frontières s’étendant jusque du côté congolais du lac Kivu. Cette réalité justifierait la présence d’une minorité rwandophone dans la région. Le génocide congolais (plus de 6 millions de morts) commis successivement par la soldatesque FPR, AFDL, RCD et CNDP s’inscrit donc dans un plan qui vise à « récupérer un territoire perdu » au cours de l’histoire. Les chefs coutumiers sont donc une cible privilégiée de l’ennemi pour effacer la mémoire et se réclamer Congolais à moindre frais. Chers aînés, attention aux empoisonnements, car Kanambe, un tutsi rwandais, est un maillon de la chaîne génocidaire de Kagame.

 

La preuve historique

La vérité historique est tout autre. Les Allemands et les Belges arrivent sur le territoire du Kivu en 1858. C’est donc en 1858 que les premiers Européens, Sir Richard Burton et Speke, arrivent au grand lac. Ce n’est qu’après la création de l’Association Internationale Africaine, et après cinq expéditions, que seront découverts le Burundi par Oscar Baumann en 1892 et le Rwanda par le comte von Götzen en 1894. Dès l’arrivée des premiers Européens, le Kivu, qualifié de Wonderland of Eastern Congo par Thomas Alexander Barns, accueillait déjà une importante colonie européenne. Or, pour une superficie représentant à peine le cinquantième du Congo belge, le Kivu abritait déjà la moitié de toute la population congolaise. Mais la région est riche en terre cultivable et en minerais d’or et de platine. C’est ainsi que le gouvernement belge crée en 1928 le Comité National du Kivu.

La colonisation du Kivu et l’activité trépidante qui en résulte requièrent une main d’œuvre abondante. Aussi, dès 1910, les Belges iront la chercher au Rwanda-Urundi, territoire, lui aussi surpeuplé et dont Pierre Ryckmans écrira qu’il n’y existe pas à proprement parler de terres vacantes, à part sur les hauts plateaux de l’intérieur, la plaine de la Ruzizi et quelques coins de brousse inhabitée du Sud et dans l’Est. De 1937 à 1949, des familles d’immigrés rwandaises s’établissent à Gishari. De 1949 à 1953, la famine sévit au Rwanda et envoie plus de 6'000 familles rwandaises vers le grenier kivutien. De 1953 à 1955, une autre vague rwandaise submerge les régions de Washali-Mokoto en plein territoire bahunde. Des nouvelles implantations dans les territoires de Masisi et de Rutshuru furent favorisées par le « Plan décennal 1951-1959 pour le développement économique et social du Rwanda et du Burundi ». C’est ainsi que les Banyarwanda se virent octroyer plus de 150'000 hectares au détriment des autochtones. Que des Chefs coutumiers congolais leur indiquent une colline nommée Mulenge pour s’y établir ne crée pas une nouvelle ethnie au Congo appelée Banyamulenge. En 1959, le pouvoir longtemps détenu exclusivement par les tutsi passe en mains hutues, ce qui pousse une vague tutsi vers le Kivu. Durant les années 1960, le Congo accueille plusieurs vagues d’immigrés et d’exilés politiques rwandais. En 1994, avec l’opération Turquoise menée par la France, plus d’un million de réfugiés rwandais passent la frontière zaïroise.

 

Résumons-nous :

  1. Le Rwanda fut découvert par les Européens 36 ans après le Kivu. Donc il n’y a pas de différend territorial entre le Congo (par le Kivu) et le Rwanda.
  2. Les populations rwandaises se sont installées au Congo (Kivu, Maniema, Katanga) en tant que travailleurs étrangers, réfugiés économiques ou politiques.
  3. La thèse d’une portion de territoire rwandaise qui serait confisquée par le Congo est dépourvue de tout fondement historique.
  4. Le Rwanda, moins touché par la traite négrière et une mauvaise gestion de sa question démographique doit trouver des solutions à l’intérieur de ses frontières. Le Congo a déjà largement fait pour lui.
  5. Le Rwanda-Urundi était une colonie allemande au XIXe siècle, alors que le Congo était dominé par les Belges. Il n’est donc pas possible qu’il y ait eu de contentieux territorial entre le Congo et le Rwanda à la date imaginée par la propagande de Kagame.
  6. Le Rwanda-Urundi n’a rejoint le giron colonial belge qu’en 1923, après que l’Allemagne se voit dépouillée de toutes ses colonies ayant perdu la Première Guerre mondiale.
  7. Par son hospitalité débordante, le Congo paie aujourd’hui le prix fort de la part d’un peuple ingrat. N’oublions jamais qu’une grande partie de l’élite rwandaise a été formée par notre pays. L’Université de Lubumbashi a même eu un recteur tutsi qui a étudié en Europe (Allemagne) avec une bourse zaïroise, sans compter d’autres rwandais bien placés dans toute la vie nationale. De manière générale, on peut affirmer qu’il n’y a jamais eu de xénophobie manifeste contre les exilés rwandais au Congo.
  8. Si les régions congolaises ayant accueilli des immigrés ou des réfugiés rwandais doivent revenir au Rwanda, alors Marseille doit être cédée à l’Algérie. Avec cette note particulière : le Congo n’a jamais colonisé personne.

 

Le 27 décembre 2009

 

Sources:

Joseph Ki-Zerbo, A quand l’Afrique, édition de l’Aube, 2003

Roger Buangi Puati, Christianisme et traite des Noirs, Saint-Augustin, 2007

Fweley Diangitukwa, Pouvoir et clientélisme au Congo-Zaïre-RDC, L’Harmattan, 2001

Barbara Emerson, Léopold II, le royaume et l’empire, Duculot, 1988

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P
<br /> <br /> Titre: Le prix de la démocratie congolaise: 712 000 000 dollars que l'Etat ne peut pas s'offrir.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Résumé: Les vraies priorités de la RD Congo sont ailleurs que dans les urnes. Parmi elles, on trouve les besoins de la vie quotidienne: la santé, l'éducation, la<br /> communication, l'alimentation... Il est impératif que les opérateurs politiques, économiques et la société civile se tiennent la main pour entrevoir une des méthodes de gouvernance plus<br /> adaptées aux réalités locales. Le miracle congolais est possible.<br /> <br /> <br /> Texte:Au moins 712.000.000 de dollars américains, c'est la somme que coûtera les prochaines élections présidentielle et législatives prévues<br /> en novembre 2011 et la suite au niveau local jusqu'en 2013. Les données économiques du Congo-Kinshasa montrent que le pays ne peut pas assurer seul ses ambitions électorales sans le soutien<br /> extérieur. Le faible niveau socio-économique des populations congolaises est à lui seul illustrateur du décalage entre la réalité et le rêve d'un peuple. Son revenu national brut par habitant est<br /> de 687 dollars, contre 1268 $ de son voisin le Rwanda. Il y a alors lieu de se demander sur les réels bénéfices et la nécessité de tenir un processus électoral aussi coûteux.<br /> <br /> <br /> L'organisation des élections ne doit pas apparaître comme une obligation subie ou encore moins un instrument de prestige. L'argent dépensé<br /> pour les urnes pourra servir à la formation, à l'habitat, à la santé, à déboucher les routes urbaines et à désenclaver l'arrière-pays.<br /> <br /> <br /> La principale leçon tirée, montre que rien n'interdit de considérer une élection comme la fille légitime de la démocratie puisse être<br /> considérée au Congo-Kinshasa comme subie ou imposée, ou encore un effet de la mode. Ceci m'amène à formuler quelques postulats:<br /> <br /> <br /> Premièrement, la donne de la structuration de l'opposition et des candidats présidentiables en 2011 pousse à croire que l'enjeu électoral<br /> congolais est proche d'un passage à une légitimation de prestige du gagnant au niveau international et, moins à la consolidation du progrès social.<br /> <br /> <br /> Le deuxième postulat: L'utilité des élections dans une culture où les perdants qualifient automatiquement le gagnant de la tricherie avant<br /> même l'annonce des résultats ne pas de nature à favoriser la cohésion sociale.<br /> <br /> <br /> Conclusion.Tant que les besoins de base ne sont pas accessibles à un grand nombre des populations, le curieux engouement d'organiser les<br /> élections dans certains pays en voie de développement dont le Congo est questionnant. Les solutions pour réduire les risques de pauvreté, et contenir les tensions sociales ne viendraient pas des<br /> résultats des élections. La question de la démocratie par les élections à l'image des pays développés est trop importante, et demande une profonde remise en question des modèles actuels calqués<br /> de l'occident. Les opérateurs politiques et son élite avec le soutien de la communauté internationale doivent s'atteler à construire un autre modèle de la démocratie plus adaptée, orientée sur<br /> les besoins sociaux.<br /> <br /> <br /> Pierre Lutumba, Msc en actions et politiques sociales<br /> <br /> <br /> Cugy, Suisse<br /> <br /> <br /> <br />
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E
<br /> <br /> "Léopold II , Le Royaume et l'Empire"<br /> <br /> <br /> (Barbara Emerson,  Document Duculot)<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> http://mabrocante.skynetblogs.be/post/7231754/-a-vendre-----leopold-ii--le-royaume-et-lempi<br /> <br /> <br /> <br />
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